Le folklore roumain est une des sources d’inspiration du mythe du vampire actuel
Le folklore roumain est riche en créatures mystérieuses et terrifiantes, qui ont façonné l’image des vampires et loups-garous d’aujourd’hui. Si vous êtes friand de récits autour de ces monstres, il est fort probable que vous ayez déjà croisé des références aux légendes roumaines. Le mythique Dracula a été façonné par son auteur Bram Stoker en s’inspirant notamment de ce folklore… Rien d’étonnant à ce que ces créatures se soient invitées au coeur de nombreux livres, films et jeux vidéo à travers le monde, tant elles sont fascinantes. Pourtant, si les vampires et loup-garous ont durablement marqué la pop-culture et l’imaginaire horrifique, leur origine est bien souvent méconnue. Si les noms de Moroï, Strigoï et Varcolaci ne vous disent rien, préparez-vous à plonger dans un univers où la peur et le surnaturel se mêlent.

Le Varcolaci : le loup-garou des légendes roumaines
Origine et étymologie
Le terme Varcolaci désigne une créature mythologique qui puise ses racines dans la culture balkanique. L’étymologie de ce nom provient du protoslave « Vylkolak » (composé de vylk signifiant « loup », et de dlaka, qui se traduit par « poil » ou « cheveu »). On retrouve des mots similaires dans d’autres langues anciennes, comme le sanskrit (vrka, signifiant « loup »). Ces similitudes laissent à penser que la croyance au Varcolaci remonte à des époques très anciennes, partagées par plusieurs civilisations indo-européennes. Ce loup-garou figure d’ailleurs dans de nombreuses légendes à travers l’Europe de l’Est, sous des variantes linguistiques telles que vourdalak en russe, virkolakis en lituanien et même vrykolakas en grec !
Apparence et comportements
Dans les contes roumains, le Varcolaci est un cadavre réanimé qui ne se décompose pas. Il prend la forme d’un loup gigantesque, qui hante les nuits de pleine lune. Contrairement au vampire, il se nourrit de l’énergie vitale des vivants plutôt que de leur sang. La nuit venue, il erre pour tourmenter les vivants. Il est connu pour frapper aux portes des maisons en appelant les résidents par leur nom. Si l’un d’eux répond, il mourra dans les jours suivants et se transformera à son tour en Varcolaci. Certaines légendes attribuent au Varcolaci le pouvoir de provoquer des paralysies du sommeil afin d’absorber l’essence vitale de ses victimes.
Comment s’en débarrasser ?
La tradition suggère que plus un Varcolaci est vieux, plus il devient puissant. On raconte même qu’il pourrait contrôler les phases lunaires par la force de son souffle, capable de rassembler les péchés de mille âmes. La méthode pour l’identifier consiste à observer le comportement des animaux dans les cimetières : si un animal refuse de marcher sur une tombe, celle-ci pourrait être celle d’un Varcolaci. Il est alors recommandé d’exhumer le cadavre et de chercher certains signes comme des yeux rouges ou des ongles qui continuent de pousser. Pour neutraliser la créature, on pourrait lui couper la tête et la placer entre ses jambes, ou le démembrer afin de l’empêcher de sortir de terre. Les stratégies sont nombreuses, et toutes plus sinistres les unes que les autres.

Les Strigoï : entre revenants et vampires
Les Strigoï sont des défunts qui ne trouvent pas le repos. L’étymologie de « Strigoï » se réfère à un « sorcier » dans le roumain littéraire, mais tire aussi ses racines du grec strigx, qui signifie « chouette effraie ». Comme les revenants des légendes européennes, les Strigoï se lèvent de leur tombe pour semer la terreur la nuit. Ils ont des yeux rouges, des canines longues et une peau pâle. Les raisons pour lesquelles une personne devient Strigoï sont variées : mourir sans avoir été marié, se suicider, mener une vie immorale ou être maudit par une sorcière.
La croyance aux Strigoï est encore prégnante en Roumanie. En 2003, une affaire de vampire est connue pour avoir défrayé la chronique. Dans un petit village, un certain Petre Tomas a été accusé par sa petite-fille de venir la voir dans sa chambre la nuit. Problème, il avait été enterré quelques semaines plus tôt… Aussitôt accusé d’être un vampire, les villageois ont alors exhumé son corps. Ils ont arraché le cœur de Petre Thomas et brûlé ses restes, dont les cendres ont ensuite été bues par sa famille pour conjurer le mal.
Les Moroï et Dhampirs
Ces deux créatures sont des variations du mythe du Strigoï, avec quelques différences. Les Moroï sont similaires à leurs aînés, mais restent mortels. Ils n’ont pas la soif inextinguible de sang propre aux vampires, bien qu’ils puissent aussi se nourrir de ce liquide vital. Ces monstres peuvent cependant porter malheur. Ils sont connus pour avoir des yeux luminescents, et la capacité de se transformer en divers animaux. Selon les légendes, un enfant non baptisé ou mort-né pourrait devenir Moroï, tout comme quelqu’un tué par un Strigoï. Quant aux Dhampirs, ils sont les rejetons contre-nature issus de l’union d’un Moroï avec un humain. Outre des caractéristiques similaires à leurs aînés, ils possèdent des dents plus longues, et sont dotés de capacités physiques supérieures.
Le folklore roumain est doté d’une aura mystérieuse, façonnée par des siècles de récits oraux et de traditions teintée de magie. Ses créatures fascinantes trouvent leur écho dans notre imaginaire moderne : avec l’essor d’internet, les légendes roumaines ont trouvé un nouveau souffle. Portées par des communautés amatrices de creepypasta et autres témoignages paranormaux, les vampires et loups-garous continuent de nous hanter, leurs moeurs désormais documentées sur diverses plateformes en ligne. Ces évolutions de la transmission des mythes témoigne d’une chose : la fascination pour le surnaturel ne disparaît jamais vraiment avec les siècles, et fait partie de notre essence en tant qu’être humain. Nos racines culturelles en témoignent : nous avons besoin de croire, et surtout de rêver.
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