Les rites de passage à Bali
Située entre les îles de Java et de Lombok, Bali se trouve au sud de l’Indonésie. Elle est le centre principal de la religion hindoue. Les hindous balinais ont des croyances et des cultes prononcés envers la réincarnation et leurs ancêtres. Il existe différents rites de passage à Bali qui font partie intégrante des traditions culturelles.
Ces cérémonies ont une part fondamentale dans la culture des balinais, synonymes de sagesse et constitutives de leur identité en fonction de chaque région. Marquées par des festivités extravagantes, elles rythment la vie des locaux. Vous êtes-vous déjà demandé quels sont ces grands moments initiatiques dans la vie d’un balinais ? Comment se déroulent-ils ? Suivez-moi pour découvrir cette culture fascinante, ainsi que les quatre principaux rites de passage à Bali.
L’entrée dans la vie humaine comme premier rite de passage à Bali : Tigabulanan

Parmi toutes les traditions autour de la naissance d’un enfant, la cérémonie du 105ème jour (soit trois mois) nommée Tigabulanan est un acte primordial. L’enfant est présenté aux dieux parce qu’il est considéré comme la réincarnation d’un ancêtre.
Ce rite de passage se manifeste par le fait de poser le pied du nourrisson pour la première fois au sol afin d’entrer dans la vie humaine. Selon les croyances balinaises, il est nécessaire que les pieds de l’enfant ne touchent pas le sol avant le 105ème jour de vie. Les esprits et les démons potentiels pourraient se manifester autour du nourrisson étant donné sa fragilité à cet âge.
Ce rituel est le plus important après la naissance. Lors de cette cérémonie, l’enfant est reconnu en tant qu’humain. Il n’est plus considéré comme un don divin mais plutôt comme un être de chair et de sang, membre social de la communauté.
Le nourrisson est paré de plusieurs bijoux tels que des bagues, des bracelets, des colliers afin qu’il ait une vie prospère et riche. Le prêtre réalisant cette cérémonie fait également rouler un œuf sur le corps du bébé dans le but de le rendre plus fort. Aussi, une partie de son cordon ombilical est conservée dans un collier qu’on lui met autour du cou. Cela lui offre une amulette pour bénéficier d’une protection toute sa vie. Toutes ces étapes sont nécessaires au bon déroulement de ce rite primordial.
Le limage des dents : Metatah

La cérémonie du Metatah a lieu durant la période de l’adolescence. Elle incarne la transition vers l’âge adulte. Ce rite de passage obligatoire d’une quinzaine de minutes consiste à limer les dents du participant sur quelques millimètres, et ce, sans douleur avec des gestes rapides. Les dents sont râpées en fonction du souhait de chacun. Le professionnel issu de la caste des brahmanes réalise cette pratique de manière traditionnelle. Les dents longues étant perçues comme celles d’un animal, elles sont également signe de vices. Il est impensable pour les hindous balinais de se marier avec des « dents de chien ».
Une fois l’acte réalisé, les participants sont invités à goûter six saveurs pour ressentir les côtés amer, acide, épicé, salé, sucré, et aussi la sensation astringente. Tout cela symbolise entre autres la patience, la colère, l’obéissance fidèle, ou encore la sagesse. Ce rituel doit être respecté pour que tout Balinais hindouiste puisse garantir la transition de son esprit de la naissance jusqu’à la mort. Selon leurs croyances, la réincarnation pourra ainsi avoir lieu dans les meilleures conditions.
Cet événement familial s’avère très coûteux, ce qui pousse les Balinais à retarder cette cérémonie ou à la pratiquer en groupe. Le Metatah est une fête, les familles doivent donc payer les offrandes, nourrir les invités, et se parer de vêtements onéreux.
Le mariage : Ngerorod ou Mepadik

Le mariage est aussi un rite de passage important. Cette célébration se déroule généralement au domicile et de rares fois au temple.
Ngerorod : le mariage par enlèvement
Il n’existe pas d’oppression vis-à-vis des mœurs des balinais. Le mariage est un événement attendu par les familles, mais il est très souvent célébré après consommation. Aujourd’hui beaucoup moins pratiqué qu’auparavant, cette conduite perdure quand même mais de manière plus adoucie. Le mariage Ngerorod est rythmé par plusieurs événements :
- Le premier consiste en l’enlèvement de la jeune fille par le fiancé, lors d’une mise en scène consentie.
- Le deuxième se matérialise par des offrandes déposées aux dieux.
- Le troisième implique les parents du couple qui font semblant de les chercher.
- Le quatrième officialise cette union en planifiant une date de cérémonie publique.
Mepadik : le mariage traditionnel
Le mariage Mepadik s’illustre via l’organisation de la cérémonie par les parents avec le consentement des deux futurs époux. Les familles préfèrent cette façon de se marier, elle est plus convenable pour la société et pour la culture. Il n’y a pas d’enlèvement de la future mariée, mais des émissaires sont envoyés par le fiancé en mission de visite de la fiancée. Ils sont accueillis au mieux au sein de son foyer.
Ce jour-là, les conditions importantes sont évaluées comme le statut social des parents de la future épouse, le degré de bonne famille du fiancé et la date du mariage. Cette étape peut être difficile pour les futures épouses et leurs proches. Elles sont en effet parfois mariées très jeunes et doivent alors quitter leur domicile pour vivre avec leur mari.
La mort par crémation : Ngaben

La cérémonie de crémation
La mort par crémation est un rite sacré de réunification nommé Ngaben, permettant au défunt de retrouver les dieux. C’est une célébration haute en couleur, onéreuse et aussi particulière que spectaculaire, elle est ouverte à l’ensemble de la communauté. La cérémonie a lieu principalement en juillet et en août sous forme d’une fête avec un défilé dans la ville au rythme de l’orchestre de gamelan.
Cette musique traditionnelle se caractérise par la prédominance d’instruments à percussion.
Ce rite funéraire hindou est un évènement très important, il s’agit du dernier voyage, et les Balinais y sont fortement attachés en raison de leur croyance partagée de la réincarnation. Celle-ci a lieu lors de la naissance ainsi qu’au moment de la mort et notamment durant la crémation qui clôture la fête et le défilé. Ils font alors tout ce qui est en leur pouvoir pour que le passage de la vie à la mort s’effectue dans les meilleures conditions. L’âme de la personne décédée peut par conséquent s’échapper de son enveloppe charnelle pour rejoindre un nouveau corps et renaître sous une forme nouvelle.
Les conditions de la crémation
Dans la culture balinaise, un être vivant ou le corps d’un défunt n’est jamais laissé seul. La dépouille est toujours veillée 24h/24, il y a aussi des défilés, des discussions autour d’un jeu ou en sirotant du brem (boisson fermentée traditionnelle) ou de l’arak (alcool local). La crémation peut être soit individuelle donc organisée par la famille et donc plus coûteuse, soit collective et gérée par la communauté du village. Dans l’attente de pouvoir réunir les sommes nécessaires et de décider de la date de la cérémonie, les corps des défunts sont généralement enterrés.
Pour les hindous balinais, la crémation s’apparente à une restitution des cinq éléments au cosmos (la terre, le feu, l’eau, l’air, la lumière). À l’issue de cet acte, il faut attendre entre 12 et 42 jours pour qu’une ultime cérémonie ait lieu. Il s’agit du mukur permettant au défunt de devenir un ancêtre et d’intégrer le temple familial. Son âme est alors guidée vers le monde supérieur pendant que le prêtre balinais effectue des rituels et des offrandes pour montrer le bon chemin.
Article rédigé par Silvia Ribera, rédactrice web
Sources :
5 traditions et rituels uniques à découvrir en Indonésie – Indonesia travel.fr
Traditions et coutumes Bali – Routard.com
Naître à Bali, de la grossesse au premier anniversaire de l’enfant – Baliautrement.com
Le Métatah la cérémonie du limage de dents à Bali – Baliauthentique.com
Se marier à Bali le poids de la tradition – Baliautrement.com
Découverte du rite funéraire hindou – Photo.geo.fr
Mourrir à Bali Ngaben – Baliautrement.com



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