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Encore connues sous le nom Amazone, les Agodjiés sont l’une des figures les plus fortes de l’histoire du Bénin. Ce corps d’élite féminin a marqué l’esprit des Dahoméens par son organisation militaire. Uniques en leur genre, les Amazones ont largement contribué à la défense du royaume de Dahomey contre les envahisseurs.
Dans cet article, nous vous invitons à découvrir le rôle des guerrières africaines dans l’histoire et leur héritage aujourd’hui.

Les Agodjiés : qui étaient-elles ?

Agodjiés étaient un corps de femmes soldates du Dahomey. Ce royaume était fondé au XVIIe siècle et compté parmi les plus puissants de la région. L’expression « Agodjié » signifie littéralement « celles qui se marient avec le roi ». Ce n’était pas une histoire imaginaire, mais plutôt une réalité. Ces vaillantes soldates juraient fidélités au roi et renonçaient à la vie de famille. Elles se consacraient entièrement à leur mission de protection du pouvoir royal.

Début de l’histoire des Amazones du Dahomey

L’origine exacte des Agodjiés reste débattue. Pour certains historiens, leur création remonte au temps du roi Houégbadja, d’autres sous le règne de Agadja ou de Ghezo. Ce dernier (1818-1858) est plébiscité par plus d’un pour avoir structuré l’armée féminine et fait des Agodjiés un corps redoutable.

Au départ, elles étaient de simples gardiennes du palais. Elles étaient devenues ensuite de véritables guerrières d’élite. Les Amazones étaient capables de mener des offensives militaires sur les champs de bataille. Quant aux entraînements militaires et à la vie quotidienne, les femmes soldates du Dahomey, actuel Bénin, suivaient un exercice intense, comparable à celui des armées modernes.

Le programme comprenait le conditionnement physique et l’apprentissage des armes traditionnelles ainsi que modernes (fusils, machettes, lances). Ajouter à cela, il y a l’endurance à la douleur et à la faim.

Techniques de combat rapproché et en milieu forestier

Elles vivaient dans un espace clos du palais royal d’Abomey avec une organisation rigoureuse. Leur statut les propulsait au sommet de la société militaire, mais aussi dans une position à part. Car elles ne pouvaient ni se marier ni enfanter.

Les combats marquants des Agodjiés

Les Agodjiés ont mené des offensives contre les royaumes voisins (comme celui d’Oyo ou les Yoruba) et contre les colons européens. La plus célèbre de leurs combats eut lieu durant la guerre contre les troupes françaises à la fin du XIXe siècle.

Entre 1890 et 1894, lors des affrontements qui marquèrent la colonisation du Dahomey, les Amazones ont combattu avec un courage et une détermination contre une armée bien équipée. Leurs attaques, souvent nocturnes et surprises, causèrent de lourdes pertes aux troupes françaises.

Même si le royaume tomba en 1894, les Agodjiés restèrent dans les mémoires comme des figures héroïques de la résistance béninoise.

Organisation interne et hiérarchie militaire

Le corps des Agodjiés était très structuré. Il existait différents grades, de la simple recrue à la cheffe du régiment. Chaque guerrière avait un rôle précis. Voici lesquels :

• Sentinelles et éclaireuses
• Tireuses avec mousquets ou fusils
• Commandantes tactiques dans les batailles
• Gardes royales du palais

Elles formaient un bataillon d’élite, craint par les ennemis et respecté au sein du royaume.

Symbole de l’émancipation féminine en Afrique

Les Agodjiés ne sont pas seulement des figures militaires. Elles représentent une icône de la femme africaine, indépendante et stratège. À une époque où les rôles féminins étaient fréquemment confinés à la sphère domestique. Elles prouvent que dans l’Afrique précoloniale, les femmes pouvaient accéder à des fonctions de pouvoir. Les femmes sont susceptibles d’influencer la politique du royaume et d’être des actrices majeures de la défense nationale.

Héritage et mémoire des Agodjiés aujourd’hui

Au Bénin, le souvenir des Agodjiés est vivant. Elles sont aujourd’hui célébrées à travers des musées historiques à Abomey présentant leurs armes, leurs uniformes et leurs récits. Des acteurs incarnent le rôle des Agodjiés dans des films et des documentaires, dont The Woman King (2022) qui s’en inspire librement.

De plus, des festivals et des cérémonies traditionnelles sont organisés en leur honneur. Il faut noter également que des recherches académiques ont été effectuées sur l’histoire des femmes en Afrique. Par ailleurs, leur image est reprise par des mouvements panafricains et féministes pour revendiquer une relecture positive de l’histoire africaine.

Les Agodjiés dans la culture populaire

Grâce à l’art, au cinéma et à la littérature, les Amazones du Bénin ont dépassé les frontières de l’Afrique pour devenir une légende mondiale. Elles figurent dans des bandes dessinées africaines et des clips musicaux promouvant la culture noire. Les Agodjiés figurent également dans des romans historiques et des biographies. Les Amazones incarnent aujourd’hui un puissant message d’identité, de résistance africaine et d’autonomisation des femmes.

L’histoire des Amazones du Bénin continue de rayonner dans le cœurs des Africains. Elles incarnent la force, la discipline, la loyauté et la capacité des femmes à braver les limites imposées par leur temps.

Dans un monde à la recherche de modèles historiques féminins, elles représentent une réponse puissante et authentique. Le prototype d’une femme africaine stratège, armée, au cœur d’un royaume souverain.

Les Agodjiés revalorisent la mémoire africaine en redonnant vie à leur histoire, trop souvent effacée ou déformée. Les Amazones ont existé et ne sont pas un mythe. Et leur histoire reste une source d’inspiration pour les générations futures.

Mahutin Aimé Towakinnou, pour Monstres et Merveilles

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