combat atchoukpa

Le dur combat d’Atchoukpa 

3–4 minutes

Dans l’histoire du royaume de Dahomey, certains lieux sont marqués au fer rouge par la résistance. Situé dans la commune d’Avrankou, l’arrondissement d’Achoukpa fut le théâtre d’un affrontement sanglant. Sur cette terre humide et touffue, le roi Béhanzin livra l’un de ses combats contre l’envahisseur français.

Souvent oubliée des manuels scolaires, cette bataille mérite pourtant toute notre attention. Elle est un symbole de courage, de stratégie militaire et de dignité face à l’humiliation coloniale.

Contexte historique : le Dahomey sous contrainte morale

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le royaume du Dahomey reste l’un des rares États ouest-africains encore indépendants. Mais cette indépendance est de plus en plus menacée. En 1890, une première guerre éclate entre le roi et les Français. Ces derniers cherchent à imposer leur autorité sur le sud du pays.

Soutenu par une armée redoutable, dont les célèbres Agodjiés (les guerrières du roi), Béhanzin doit signer un traité défavorable après la bataille de Cotonou. Mais il n’a pas dit son dernier mot. Dès 1892, il reprend les armes. Ce sera le début de la deuxième guerre du Dahomey. 

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Atchoukpa : un emplacement stratégique

Situé entre Porto-Novo et Abomey, Atchoukpa était choisi en connaissance de cause. Alors couvert de forêts denses et de marécages, ce village représentait une zone tampon cruciale dans sa stratégie. Il s’agit de ralentir l’avancée des troupes françaises vers le cœur du royaume.

C’est dans cette zone que le roi décida d’installer une embuscade massive. Difficiles d’accès, les chemins étroits d’Atchoukpa étaient parfaits pour désorienter l’ennemi. Solidaires de leur roi, les villageois avaient accepté de transformer leur terre en champ de bataille.

La bataille : un piège bien tendu

Les archives coloniales et les traditions orales locales décrivent une bataille féroce, probablement survenue en octobre 1892. Lourdement armées et confiantes après leur victoire à Porto-Novo, les troupes pénétrèrent dans la zone d’Atchoukpa sans se douter de ce qui les attendait.

Fin stratège, Béhanzin positionna ses troupes dans les bois, prêtes à refermer le piège. Dès que les soldats français entrèrent dans le corridor naturel formé par les arbres, les flèches sifflèrent, les tambours résonnèrent et l’assaut fut lancé.

Les Agodjiés furent en première ligne. Leur férocité, leur coordination et leur connaissance du terrain causèrent une panique initiale dans les rangs français. De nombreux officiers furent tués dans les premières minutes de l’attaque.

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Un affrontement déséquilibré

Malgré l’avantage du terrain et l’effet de surprise, les troupes de Béhanzin souffraient d’un désavantage certain. Les Dahoméens étaient principalement armés de lances, de machettes, de mousquets artisanaux et de leur redoutable courage.

Après plusieurs heures de combat intense, les Français réussirent à se réorganiser. Grâce à leur artillerie, ils infligèrent de lourdes pertes. Mais la détermination des Dahoméens à Atchoukpa ralentit considérablement l’avancée coloniale.

Une victoire morale pour le Dahomey

Même si les Français finiront par poursuivre leur route vers Abomey et renverser le royaume quelques mois plus tard, la bataille d’Atchoukpa reste un moment clé de la résistance. Elle montra que le peuple, uni autour de son roi, refusait de céder sans combattre.

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Les conséquences de la bataille à Atchoukpa

Les représailles furent terribles au lendemain de l’affrontement. Plusieurs villages environnants furent incendiés. Des champs dévastés et des familles séparées. Accusées de soutenir la rébellion, les populations furent déportées ou punies. Atchoukpa porta longtemps les cicatrices de cet affrontement.

Mais la mémoire orale resta vive de génération en génération. Les griots et les sages transmirent le récit de cette bataille comme un héritage de fierté. Aujourd’hui, certains anciens d’Avrankou évoquent les tambours de guerre d’Achoukpa, les chants des Agodjiés et la bravoure du roi.

Atchoukpa aujourd’hui : une terre de mémoire

Atchoukpa devient un arrondissement calme, tourné vers l’agriculture, la culture locale et le vivre-ensemble. Mais dans ses sous-bois et sur ses sentiers, le passé murmure encore.

Il est grand temps que cette page de l’histoire soit valorisée, notamment dans les programmes scolaires, les circuits touristiques et les projets culturels du Bénin. La bataille d’Atchoukpa mérite un monument, une cérémonie et une reconnaissance officielle.Le dur combat d’Atchoukpa n’est pas seulement un épisode militaire. C’est un acte de résistance identitaire. C’est la preuve qu’un peuple, même face à une puissance mondiale, peut opposer son courage, sa foi et sa dignité.

Mahutin Aimé Towakinnou, pour Monstres et Merveilles

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