La célèbre idylle d’Esther avec le roi de Pologne Casimir III le Grand 

Bonjour à vous, lecteurs et lectrices avertis !

Soyez les bienvenus dans mon monde, un monde de mythes dont l’un d’eux continue encore à me donner des frissons. L’histoire que je m’apprête à vous dévoiler nous vient de la Pologne – de la petite Cracovie – au XIVème siècle. Il s’agit de la légende du roi Casimir III et d’Esther, une jeune femme juive de Kazimierz dont la beauté surpassait l’imagination de tous et le regard en a ébloui plus d’un. Ne tardons plus et découvrez dans cet article cette légende envoûtante d’un amour fatal…

Une des histoires d’amour les plus populaires de Pologne

Leur idylle, connue et racontée de bouche-à-oreille à Cracovie, m’a été partagée par un guide local un soir d’été lors d’une balade dans les rues sombres de la ville.

Alors que nous nous promenions dans Kazimierz, le quartier témoin de la culture juive, le visage d’une jeune femme aux traits fins et au regard envoûteur apparaît à la vue des passants sur tous les murs. Qui était-elle ? Quel mystère se cache derrière son histoire ?

Esther ou Esterke, de son nom, fut l’épouse (ou la maîtresse, le mystère reste présent) du roi Casimir III le Grand qui en tomba éperdument amoureux. Celui-ci, influencé par sa jeune épouse, protégea davantage la communauté juive et lui accorda des privilèges. À cette époque, les juifs polonais souffraient énormément. Dès l’union du souverain avec Esther, leur destinée fut tout autre et la persécution cessa.

Un mythe aux débuts romantiques

Les légendes varient et nous mènent dans un univers où l’amour se mêle à la magie noire, aux sorciers et aux envoûtements. Quelles que soient les versions, l’issue reste tout aussi captivante que ténébreuse. Comme vous pourrez contaster dans la suite de mon récit.

Esther, fille d’un tailleur polonais d’Oposzno, se trouvait dans la forêt de Solib. Sur son chemin, elle fut surprise par une bête sauvage. Le roi Casimir III le Grand qui chassait à ce moment au même endroit, intercepta l’animal et sauva la jeune fille. Subjugué par sa sagesse et sa grâce, le roi décida de l’épouser.

Une romance à l’issue maudite

Selon l’histoire racontée par le guide, la reine Esther décéda prématurément des suites de la peste noire. Le roi, fou de chagrin, consulta les sorciers et les mages pour faire revenir sa défunte épouse. Ces derniers proposèrent une solution extrême : l’utilisation de la magie noire. Pour ce faire, ils allèrent sur sa tombe, creusèrent et lui retirèrent les yeux ainsi que le cœur. Ils les cachèrent dans un lieu inconnu du quartier juif de Kazimierz.

L’esprit d’Esther, lié à celui du roi, vint lui rendre visite tous les soirs jusqu’au jour de son décès. Lorsque l’âme du souverain rejoignit les cieux pour le repos éternel, Esther ne put le rejoindre. En effet destinée à revenir sur terre et livrée à elle-même, elle continue à errer en quête de ses yeux envoûtants et de son cœur.

Aussi, chers lecteurs et chères lectrices, à toute âme sensible s’abstenir ! Si par une froide nuit vous vous retrouvez dans le vieux quartier juif de Cracovie, prenez garde car vos chemins pourraient croiser celui d’une vieille dame aveugle aux bras tendus. Gardez bien la tête basse et évitez son regard car vous risquerez d’y perdre à votre tour vos yeux.

Un trésor dans les mémoires : la légende de Casimir III et d’Esther

La célèbre idylle entre le roi Casimir III le Grand et Esther continue aujourd’hui à faire partie de la culture de Cracovie. L’histoire d’une jeune fille juive devenue reine et de son époux résonne dans les rues du vieux quartier juif.

Les différents contes de cette romance vacillent entre magie noire, sortilèges et sorciers. Mais tous rappellent l’amour profond de deux êtres et leur influence dans les écrits des polonais et des juifs.

Influence du mythe dans la culture polonaise

La puissance de cette légende est indéniable aujourd’hui encore, inspirant la société polonaise de diverses manières :

• Un symbole de paix pour les Juifs au XIVème siècle en Pologne : l’histoire du roi Casimir III le Grand et d’Esther témoigne en effet d’une période durant laquelle les droits des Juifs étaient respectés et leurs persécutions étaient interdites.  
• Un héritage pour la communauté juive et le peuple polonais : la légende montre l’entente positive entre les deux parties tandis que dans les autres parties de l’Europe, l’intégration juive était perçue autrement.
• Une présence dans les événements commémoratifs : à Cracovie, le récit mythique du roi et d’Esther reste présent et est célébré dans des œuvres, des livres et les histoires pour enfants comme référence d’une acceptation de diverses communautés.

Entre conte et réalité

Chers lecteurs et lectrices, il m’est difficile de vous convaincre de l’authenticité de ce récit et de la présence certaine d’une jeune fille juive amoureuse d’un roi chrétien au XIVème siècle. Car qui dit légende, dit mystère aussi…

Cependant, le mythe perdure au fil du temps en symbolisant l’acceptation interculturelle et les valeurs communes. Actuellement, il est le témoin d’une richesse culturelle et occupe une place dans la mémoire polonaise.

Vous l’aurez compris entre légende et romance, l’histoire du roi Casimir III le Grand et d’Esther continue de vibrer dans le coeur de tous polonais et de tous visiteurs. Cet amour témoigne d’une tolérance religieuse et d’une réalité historique : malgré une coexistence marquée de rebondissements, les communautés juives et chrétiennes polonaises ont connu des périodes de paix et d’harmonie. Les Juifs, présents en nombre dans des villes telles que Cracovie depuis le Moyen-Âge, ont bénéficié davantage de droits. L’histoire du pays nous rappelle l’importance de la tolérance entre les cultures, du dialogue et de la reconnaissance mutuelle. La légende dont je viens de vous faire part en est le romantique reflet.
C’est ici que s’achève mon récit. Vous aurais-je convaincu de partir à la recherche de cette vieille femme aveugle qui de son temps a envoûté un grand roi par son regard, mais qui aujourd’hui pourrait vous faire perdre le vôtre ?

Seuls les plus courageux d’entre vous qui auront échappé à son sortilège pourront me le dire. J’attends avec une (sombre) impatience grandissante le retour de vos découvertes. N’hésitez pas à m’en faire part 😈

Trang Dao, pour Monstres et Merveilles